hafid aggoune
hafid aggoune


R E V U E S--L I T T E R A I R E S--&--I N E D I T S

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A participé au #31 de la revue BIL BO K - magazine des errances contemporaines dirigé par Philippe Blondez
soirée de lancement le 24 octobre 2013 - 19h/21h30
20 rue Etienne Marcel 75002 Paris

télécharger l'invitation >>






-----TEXTE INEDIT


Le numéro 11 du magazine Raise paraît ce 21 avril 2012 avec un texte inédit de Hafid Aggoune, "Inévidence(s)", sur des photos du danois Per Johansen.

>> commande/abonnement








>> site de Per Johansen






-----TEXTE INEDIT


Weepers Circus vient de sortir son nouvel album, N'importe où hors du monde, accompagné d'un livret riche en textes de Dominique A, François Bon, Jean-Claude Carrière, Didier Daeninckx, Frédérique Deghelt, Patrice Leconte, Eric Kaija Guerrier et tant d'autres, parmi lesquels un texte inédit de Hafid Aggoune, "La où meurt le vent" :


"La vie est souffrance pour celui qui veut vivre et voir son âme grandir, s’épaissir.
La souffrance devient espoir pour celui qui a véritablement vécu et vu jusqu’où mène sa propre force intérieure.
Il existe des buveurs de beauté qu’une seule goutte suffit à faire traverser un désert.

Il y a le peuple de la mélancolie dont je fais partie, sans couleurs, sans drapeau, sans frontières, un peuple aux voix tremblantes et nocturnes, indissociables de la rumeur des gouffres.
Nous sommes le peuple des larmes car nos corps sont secoués, habités, animés, tels des paysages sensibles aux intempéries, aux tumultes, aux destructions, torrents de cris, de rires, de joies volées à la tristesse.
C’est une contrée sans fin où nous errons.


Au fil des années, j’ai suivi un songe blanc et noir, une ombre, sorte de désir flou et pourtant palpable, assez réel pour attirer mes pas à lui.
Ecrire a été le prolongement naturel de lire.


Je suis un homme qui écrit, la mer et ses profondeurs constamment en tête, quelque part, comme une musique de fond, une brise lègère.
Je ne sais pas où mènent les jours ; j’avance, toute âme dehors, un parmi les femmes, les hommes, les enfants de tous les mondes, de tous les âges, prêt à aller où meurt le vent, prêt à repartir à son recommencement."

Hafid Aggoune


Extrait du texte "La où meurt le vent" de Hafid Aggoune pour l'album "N'importe où hors du monde" des Weepers Circus tous droits réservés ®






>> N'importe où hors du monde

>> site Weepers Circus






-----L'ENFANT RÊVE


Cette chanson a été écrite par Hafid Aggoune lors du festival Leitura Furiosa (Amiens), le vendredi 28 mai 2010 et interprétée par Cyril à la Maison de la Culture.

L'enfant rêve

songes de séries américaines
Beverly Hills la même rengaine
loin des livres et des savants fous
juste rêver d'avoir plein de sous

l'enfant rêve d'amour gloire et beauté
au fond de son lit de sainteté
il s'endort son père pas très loin
paternel qui ne restera point

l'enfant rêve d'amour gloire et beauté
au fond de son lit de pauvreté
l'enfant survole les pensées folles
de parents qui n'aiment pas l'école

la vie passe en film noir et blanc
si vite plus vite qu'un terrible vent
il s'endort son père pas très loin
paternel qui ne restera point

l'enfant rêve d'amour gloire et beauté
au fond de son lit de pauvreté
l'enfant survole les pensées folles
de parents qui n'aiment pas l'école




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-----FESTIVAL LEITURA FURIOSA 2010


Ce texte a été écrit par Hafid Aggoune inspiré par Bernadette, Laetitia, Nathalie et Séverine lors de sa venue à l'Apap (Association Picarde d'Action Préventive, organisme culturel, socio-éducatif d'Amiens, aide aux hébergements sociaux).

JE NE VEUX PAS FERMER LES YEUX


- Allo.
- Oui, c'est qui ?
- C'est moi.
- Qui toi ?
- Mais c'est moi...
- Qui toi ?
- MOI, tu veux que ce soit qui ?
- Ah ! TOI ! ça va ?
- Ça fait une heure que j'attends et il ne se passe rien ici, je m'ennuie. Tu as du temps, je peux te parler ? Ils avaient dit midi et il ne se passe rien...
- Oui vas-y, parle, je regarde un truc débile à la télé. D'ailleurs, je l'ai déjà vu.
- Ah bon, c'est quoi ?
- « Plus pourrie leur vie »
- Ah... Tu te rends compte, ils ont dit midi et toujours rien. Il est presque 13h.
- Pourquoi tu n'as pas voulu aller au stade avec les autres ?
- Tu rigoles, on voit ça qu'une fois dans sa vie ! Je ne veux rien louper !
- Ok. Et tu veux parler de quoi en attendant ?
- Justement, j'ai un rêve à te raconter, enfin, je ne sais pas si c'est un rêve ou un cauchemar, avec un mélange de réalité. Cette nuit, je me suis levé pour piquer de la chantilly dans le frigo...
- Non ! Tu vas pas recommencer, et ton régime ?
- Tu vas pas me faire la morale ! Pas toi ! Bon, je continue : donc, j'allume la cuisine et là, tu devineras jamais sur quoi je tombe.
- ...
- Tu devines ?
- Non, dis !
- Un énorme, le plus énorme des cafards... BLANC !
- Quoi ? Blanc ? ça n'existe pas, ou alors c'est un cafard albinos. Faut que t'arrête la chantilly ma pauvre !
- Je te jure sur la tête de mes gosses. Enorme et tout blanc. Je l'ai emprisonné sous un verre. Et ce matin, j'ai appelé un désinsectiseur professionnel qui est venu d'urgence. J'avais à peine raccroché qu'il se garait en bas en dérapage. En entrant, il a filé droit à la cuisine. « Elle est où ? Elle est où ? » qu'il répétait. Quand je lui montré le cafard, j'ai compris pourquoi il disait « elle ». L'homme m'a expliqué que toute sa vie, il avait attendu ce moment. Comme je ne comprenais pas son enthousiasme, il m'a enfin expliqué que j'avais devant moi la reine des cafards, « la Grande Blanche » et le voilà qui me raconte une histoire insensée : En 1933, un allemand, un certain M. Hit, huissier de justice, a subitement disparu de son bureau alors qu'il dégustait une glace banane-fraise-chantilly à l'heure du déjeuner, entre deux appartements à vider. Quand sa mère est entrée pour lui rendre sa visite quotidienne, plus de trace du cher fils envolé. Sur le bureau, le désert de M. Hit était à peine entamé, seul un peu de chantilly avait été mangé. Gourmande, la mère ne pu s'empêcher de prendre la cuillère et d'avaler une énorme bouchée de chantilly. Elle ignorait alors qu'elle venait d'enfourner son fils, mystérieusement transformé en cafard, englué dans la blanche et sucrée substance. A son tour, elle se retrouva immédiatement métamorphosée en un énorme cafard, mais blanc. La reine des cafards venait de naître... A ses mots, l'homme me demanda une chaise et fixait le verre qui enfermait toujours la bête. Il me dit que son père lui avait raconté la légende de la Grande Blanche, que son père lui avait raconté, etc. Dans sa famille, chaque garçon chassait les cafards dans les maisons et appartements, attendant fébrilement le jour où apparaîtrait celle qui avait avalé son huissier de fils, le tristement célèbre M. Hit, lui-même changé en cafard un jour de 1933.
- Et ?
- Quoi ET !
- La destruction, c'est pour quand ?
- Ah oui, la destruction... ça commence.
- C'est pas dangereux ?
- Je ne veux pas fermer les yeux.


Par Hafid Aggoune inspiré par Bernadette, Laetitia, Nathalie et Séverine.

site de Leitura Furiosa


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-----FESTIVAL LEITURA FURIOSA 2009



ON VA ESSAYER DE MOURIR



— Vous avez l'heure ?
— Oui, il est...
— Je vois que vous vous rendez compte de la chose : on vous a volé. Vous pensez à cette ombre qui s'est glissée dans votre dos, tandis que je vous parlais...
— Vous m'avez parlé et je vous ai répondu. J'étais distrait. D'ordinaire, je fais attention. En général, je ne sors pas la nuit.
— C'est plus facile et tant que ce monde sera monde, il y viendra quelqu'un qui se servira, faibles ou forts, riches ou pauvres, ici et ailleurs, en tout temps. C'est le déséquilibre du monde et c'est bien normal. La terre n'est pas tout à fait ronde. Le saviez-vous ?
— Elle ne tourne plus dans le bon sens. Pour cette raison, longtemps je n'ai pas changé mes lunettes... 39 ans. C'est mieux de ne pas voir, parfois. Tenez, par exemple si j'avais été aveugle, vous ne m'auriez pas vu à cette heure tardive. Je serai chez moi à écouter la radio. Je n'aurais pas eu à attendre que la mort arrive et me dérobe mon âme.
— Je ne veux pas voler votre âme, ni vous frapper. Je vais simplement m'en aller rejoindre les miens, poursuivre une nuit ordinaire où les pauvres gens pillent les pauvres gens. Il n'est nul besoin de vous amener à la mort, qui est déjà certaine et réglée par avance sans nul besoin de bourreau, entre autres guerres et misères, injustices et mauvais sort. Je ne voulais que votre bien matériel, la matière de nos échanges planétaires, le sang pourri qui fait que cette terre rouillée tourne malgré tous ces grincements.
— Pourquoi ne pas essayer de changer le monde puisque vous êtes si jeune et lucide sur ses défauts ? Pourquoi ne pas mettre toute votre énergie dans ces rouages à réparer.
— Ne cherchez pas à m'attendrir. Contentez-vous d'accepter ce désordre où chacun a sa place : les reines déchues et les nouvelles élues, ceux qui n'ont rien et ceux qui ont trop, le vide et le plein. Si j'erre tard, ce n'est pas pour mon bon plaisir, ni par désir, mais parce qu'il en va de ce désordre ancien. A l'image des machines qui comblent notre quotidien : elles, si bien faites jadis, résistantes, créées pour durer parfois 15 ans ; aujourd'hui, elles tombent en panne en deux ans et il faut les remplacer, sinon tout va s'écrouler. Les Hommes se chassent l'un l'autre : quand les uns meurent, les autres naissent, et parmi eux, ceux qui n'auront rien, et d'autres qui auront tout à ne plus savoir qu'en faire.
— Je ne vous écoute pas, ou alors de façon distraite. Vous ne m'avez rien volé, ou si peu : un vieux téléphone qui ne fait rien à part téléphoner et je n'ai presque plus personne à appeler ni n'attends qu'on m'appelle. Croyez-moi jeune homme, je sais qu'il n'y a ni héros ni martyrs, aucune justice, seulement des prières jetées aux quatre vents, mais vous oubliez que de temps en temps, l'une d'elle arrive à éclore et à grandir. Chacun rêve à ce miracle et reste debout, moi de mon côté et vous du vôtre. Vous ne blesserez pas mon vieux cœur fatigué. J'ai été roi dans cette vie mais je n'ai plus rien et vous ne me volerez ni ce rien ni mes souvenirs. Vous essayez de mourir et de mon côté, je vis. Je vais rentrer maintenant.
Le vieil homme s'en va et le jeune homme qui le suit des yeux, reste d'abord debout dans la lumière, se met à genou, tête baissée. Tout doucement, la nuit noire lui tombe dessus.


Par Hafid Aggoune inspiré par Valérie, Sylvie, Sylvine, Zina, Florence, Christian, Jacques, Edith, Michaël, Clara et Jacqueline.

site de Leitura Furiosa


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-----FESTIVAL LEITURA FURIOSA 2008


Dans le cadre du Leitura Furiosa 2008, Hafid Aggoune a écrit La Musique des faibles, suite à sa rencontre avec un groupe d'adolescents du quartier Saint-Maurice d'Amiens : Frédéric Breugnet, Melissa Candre, Vanessa Deaubonne, Aurore Moreau, Jérôme Opéron, Anaïs Peret, Laura Vidal.
L'illustration est de Mariska.
Lire le texte

Traduit en portugais, La Musique des faibles a été lu au musée Serralves de Porto et publié dans le quotidien Jornal de Noticia (mai 2008).


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-----FESTIVAL LEITURA FURIOSA 2007



-----KOLTÈS

illustration : Bernard Sodoyez--------------------

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"Chaque fois qu'il pleut des trombes sur un morceau de zinc, je pense à Bernard-Marie Koltès.
Ce jour-là, ils étaient six à visiter. On se retrouvait perdus je ne sais où après la visite, coincés entre la banlieue et la ville à cause d'une stupide panne d'essence, abrités sous un hangar providentielle. Eux rêvaient de la propriété qu'ils lègueraient à leurs enfants et j'étais là, la sacoche pleine de clés, à faire visiter des domaines qui dépassent les besoins d'un simple mortel, contribuant à mon échelle à rendre heureux des riches de plus en plus riches. Je n'étais pas à ma place. Je me dégoûtais.
La pluie s'abattait sur la tôle dans un bruit lourd. J'ai repensé à ma mère, à cause de l'écureuil qui venait de passer sous notre nez. Elle adorait les écureuils. Elle était venue me chercher à l'école un samedi à midi. On aurait dit une petite fille qui venait de commettre une grosse bêtise. Elle n'avait de cesse de tourner la tête vers l'arrière de la voiture en se mordillant la lèvre inférieure. Elle répétait que c'était inimaginable, impossible. Déçu de ne pas aller comme prévu au zoo voir les otaries, mais intrigué par son état, je lui demandais : Quoi ? Elle répondait invariablement qu'elle avait réussi toute seule, sans dévoiler l'objet de sa joie. En arrivant à la maison, elle a couru à l'intérieur, revenant avec mon père. Ils se sont arrêtés devant le coffre. Ma mère a insisté pour qu'on aille acheter une cage avant tout. En route, elle s'expliquait : elle jurait avoir croisé un écureuil en passant près du bois, lui aurait couru après avant de lui saisir la queue et de le bercer longtemps dans ses bras pour le rassurer. Elle l'aurait mis dans le coffre. C'est ce qu'elle disait. Toujours est-il que nous sommes allés chez un animalier. Il nous a conseillé d'acquérir un aquarium. Mon père a fait la grimace, mais ma mère n'a pas hésité à l'acheter. Au retour, je ne pouvais m'empêcher d'imaginer le petit animal dans le coffre, je n'en avais jamais vu en vrai. Arrivés devant le garage, dans un grand moment solennel, mon père a ouvert le coffre tout doucement, tandis que ma mère tenait un filet de pêche levé en l'air. Et finalement : rien. Il n'y était pas. Voyant ma mère en larmes, mon père a démonté les roues, soulevé les tapis. Au garage, rien sous le chassis, pas l'ombre d'une queue d'écureuil. Je me souviendrai toujours de la tristesse de ma mère. Après ça, tout le monde s'accordait à dire qu'il y avait une forte odeur à l'intérieur de notre voiture. On l'a mise en vente, mais on a fini par la donner à un carrossier. Personne n'en voulait.
C'est là, des années plus tard, debout devant cet orage sans fin, cherchant de loin l'écureuil entre les branches, que je me suis fait le serment de ne plus jamais faire visiter de châteaux aux riches de ce monde et d'écrire. Il y a sept ans, ma mère a été emporté par le cancer et je sais qu'elle serait fière de moi.
Les six ont fini par se parler et rire à cause de l'écureuil. Gravement, je leur ai expliqué que le château était hanté et que la famille précédente avait entièrement péri à cause d'un massacre atroce. Ils se regardèrent médusés, attendant de connaître le fin mot de l'histoire. Pendus à mes lèvres, il fallait bien que je dise quelque chose. Je me suis donc penché vers eux et j'ai ajouté, parlant tout bas : Tout a commencé à cause d'un écureuil..."

Ecrit par Hafid Aggoune, inspiré par sa rencontre avec Nicole, Isabelle, Emilie, Awa, Régine et Christophe de l'association le Cardan (Amiens), le 12 mai 2007.

site de Leitura Furiosa


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-----NEJMA (Tanger)


Dans le texte Tanger, fruit de tant de je(s) dans ce temps du je, Hafid Aggoune dévoile son regard sur Tanger qu'il a pu découvrir à l'occasion du salon 2007, invité par Bernard Desportes.
Nejma est dirigée par Simon-Pierre Hamelin

Contact : nejmalarevue@hotmail.com
A Lyon, en vente à la librairie Terre des Livres, 86, rue de Marseille.

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__ siècle 21 n° 10 (printemps - été 2007)
----------------------------R e v u e__s e m e s t r i e l l e,__Littérature & société


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Le numéro 10 de la revue littéraire SIECLE 21 vient de sortir.

SIECLE 21 (semestrielle, 160 pages) publie des textes littéraires français et étrangers, le plus souvent contemporains. Sont privilégiés les inédits ou les traductions en français inédites.
Chaque numéro comporte :
- un important dossier sur une littérature particulière
- deux dossiers thématiques
- des chroniques
- des illustrations originales d'un artiste, qui assurent l'unité graphique du numéro
Etape dans la vie de la revue, le numéro 10 améliore sa présentation (couverture pelliculée et papier bouffant de meilleure qualité) et propose trois dossiers consacrés à de grands thèmes porteurs de rêve, d'histoire et de civilisation. A côté de nombreux textes inédits ou en traduction inédite, signalons un texte fort peu connu de Remy de Gourmont et - parmi les chroniques - un texte sur la littérature postcoloniale. Le tout illustré de dessins de voyage de Pierre Loti.

Sommaire :

LES NOMS DE LIEUX : Tristan Hordé
VILLES : Henri Meschonnic, Cole Swensen, José Carlos Somoza, Deema K. Shehabi, Orhan Pamuk, Ana Maria Shua, André Brink, Lawrence Joseph, Hayan Charara, Pauline Blatt, Emmanuel Moses, Etel Adnan, Boris Ryzji, Sophie Képès, Bouchra al-Boustani
ÎLES : Jacques Lacarrière, Homère, Breyten Breytenbach, Charles Dobzynski, Carlos Chernov, Jean-Yves Masson, Yvette Christiansë, Thérèse Fournier, Daniel Arsand, Jean Guiloineau, Hafid Aggoune, Catherine Pierre-Bon
CHRONIQUES : Jean-Marie Chevrier, Jérôme Vérain, Remy de Gourmont, Anne Castaing, Lise Guilhamon, Laëtitia Zecchini
FLEUVES : Sylvie Germain, Nguyen Vy, Thê Lu, Han Mac Tu, Julian Evans, Pierre Perrault, Sylvie Gouttebaron, Margo Berdeshevsky, Marie-Claire Bancquart, Mimi Khalvati, Michèle Finck, George Szirtes, Ellen Hinsey, Lokenath Bhattacharya

Illustrations : dessins de voyage de Pierre Loti



Diffusion :
- en librairie : prix du numéro : 17 euros (N°1 : 20 euros)
- Abonnement à deux numéros : (4 et 5 ; ou 5 et 6)
France : 30 euros. Dom-Tom et étranger, 35 euros. Abonnement de soutien : 70 euros.
Chèque à adresser à Siècle 21, 41 rue Bobillot, 75 013 Paris ; merci de doubler d'un mail à mckirpa@wanadoo.fr ou jeanguiloineau@wanadoo.fr

Renseignements : Jean Guiloineau : 01 45 89 08 84 ; jeanguiloineau@wanadoo.fr
Marie-Claudette Kirpalani : mckirpa@wanadoo.fr



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----- décapage n°28 (juin 2006)

Parution du numéro 28 de la revue décapage,
avec un texte inédit de Hafid Aggoune.
Tout savoir sur ce numéro : site de décapage


Texte intégral :

Nous traversons la nuit seuls et ensemble



Me demander Pourquoi écrire ?, c'est me demander Pourquoi vivre ?
Quand je rentre dans une librairie, acte répété depuis des années comme d'autres fument des cigarettes, avec un mélange de plaisir, de réflexe et de culpabilité, je ne vois pas trop de livres. D'ailleurs, je ne comprends pas ces gens qui disent qu'il y a trop de livres. Boulevard Belleville, on ne dirait jamais qu'il y a trop de fruits et légumes. Non.

Il n'y aura jamais assez de livres parce qu'il y a trop de solitude.

Écrire, ce n'est pas comme respirer, ça tout le monde sait faire, mais plutôt comme tenter d'escalader un pan de montagne les yeux fermés.

*


De 13 ans à 27 ans, j'ai écrit beaucoup de poésie et un journal intime, sans jamais rien envoyer aux éditeurs, soit une vingtaine de cahiers hors de prix mais beaux, achetés chez Flammarion place Bellecour, à Lyon, alors que je n'avais pas d'argent, et, pour le journal, six tomes bleus, carrés, épais où, maladroitement, puis adroitement, je venais me raconter et tenter de comprendre ma vie et celle des autres.

Un jour de l'an 2000, en pleine écriture de ce qui est devenu Les avenirs, j'ai tout jeté au feu. Vraiment ! Tout a été balancé dans une cheminée, en plein hiver. J'habitais à Aix-en-Provence. Je n'avais plus besoin de ces gravas qui ne m'avaient servi qu'à creuser, fouiller, tailler, pour atteindre ma voix et l'écrivain que je deviendrai avec le temps. Aujourd'hui, je n'ai aucun regret. Ce geste n'était pas spectaculaire, mais nécessaire, aussi instinctif que définitif. Ce sont ces cahiers de poèmes accumulés qui m'ont appris à écrire, ce millier de pages de journal qui m'a appris à voir.

Leurs fantômes vivront dans une éternelle et libre errance à l'intérieur de mes romans.

*


La création fait intervenir un terreau étrange composé de choses indéfinies tant présentes que passées, tant réelles qu'inventées.

Je ne sais pas comment j'écris, où je vais arriver quand vient le désir, le besoin, l'urgence intérieure, ce cri silencieux, la jouissance d'écrire. J'ignore d'où je pars. Pour mon premier roman, il a surtout été question d'écrire un livre. Pas une histoire, pas un roman, mais un livre. Je me savais fais pour cela, être écrivain, mais il fallait le devenir.

L'année de mes 20 ans, j'ai quitté Saint-Étienne. Mon inscription en psychologie à la faculté de Lyon a été un énorme alibi pour vivre enfin seul : commencer la vraie vie et enfin savoir ce que j'avais dans le ventre.
J'ai acheté une vieille Remington aux puces de Vaux-en-Velin, un dimanche pluvieux.
Je l'ai d'abord vu, comme une fille. Mes poches étant vides, il a fallu convaincre le vendeur de m'attendre, de ne surtout pas la filer à un autre, le temps que je cours retirer l'argent. Traverser l'immense marché, ces centaines de travées, se faufiler à toutes enjambées entre les badauds se promenant au ralenti, trouver un distributeur, prier pour qu'il crache les billets, refaire le chemin inverse sous une pluie qui redouble, retrouver le stand, le bon vendeur, la machine. Terrible ! Ce chemin de croix, le souffle court, l'agacement face à la lenteur et le nombre croissant de chineurs... Mais ça valait le coup. En effet, le plus beau arrive, et je ne fabule pas car ceci n'est pas un conte mais la pure et simple vérité nue : Au moment où je donne l'argent au vendeur, où il ramasse la vieille Remington pour me la tendre, ne me croyez pas si vous voulez (quand ce genre de truc vous arrive, vous y pensez toute votre vie et vous finissez par le raconter un jour), et bien à ce moment précis où je la prends sur les bras, les nuages se sont écartés pour laisser place à un soleil resplendissant. Cela n'a duré qu'une poignée de minute. Le temps que je m'extirpe de cette fourmilière humaine, la pluie est revenue, plus fine, comme un crachin de mars, quelques larmes de joie sur ma nouvelle vie.
J'ai marché jusqu'à la station de bus, l'enclume du scribe sur les bras, puis, une fois installé sur mon siège, je l'ai posée sur les genoux, et j'ai eu tout le loisir de l'admirer et soulager mes muscles. Vous savez combien pèse ces vieilleries ? Je ne sais pas, mais c'est de la véritable fonte, rien à voir avec mon splendide et irremplaçable ibook G4. Tout à coup, je me suis bêtement rappelé une chose. Je me souviens d'avoir laissé échapper un éclat de rire nerveux : je n'avais même pas vérifié si tout fonctionnait, les touches, le mécanisme, les rouleaux, etc. Toute cette aventure avait le goût d'une rencontre amoureuse et du coup de foudre. Ni elle ni moi ne savions combien de temps notre histoire allait durer ensemble. J'ignorais si je pouvais lui faire confiance et elle ignorait si j'allais devenir écrivain, ou du moins commencer et finir au moins un livre avec elle, notre enfant en quelque sorte.
En tout cas, les trois jours suivant mon acquisition, au moment de taper mes premiers mots sur ces belles touches rondes, je ressentais encore les courbatures sur les avant-bras. Heureusement tout fonctionnait. Mécaniquement, elle avait le corps parfait de mes désirs à venir.

J'ai commencé par cette scène : un jeune homme de 17 ans, seul, face à la mer, une nuit d'août 1942. Tout a commencé là, avec cette situation, précise, évidente. L'imaginaire a fait le reste et le long voyage de construction/déconstruction a commencé. Cela a duré dix ans, de 1993 à 2003, de l'âge de 20 ans à mes 30 ans, dix années qui m'emmèneront de cet adolescent mélancolique à cet homme, l'éditeur que j'ai choisi parmi deux ou trois autres intéressés, mon éditeur, Jean-Pierre Boyer.
J'ai écrit Les avenirs sans méthode, sans conscience d'une quelconque technique à adopter, sans concept pré-établi, d'instinct. Je me suis découvert avec le livre en train de se faire. Je l'ai découvert en l'écrivant. L'image de la sculpture me vient pour décrire (et non expliquer) cet acte. Plusieurs périodes, plusieurs versions, parfois avec des phases d'oubli dans un tiroir, le temps que tout repose, mais essentiellement avec comme seul souci la musique de fond, invisible, impalpable, le langage, le corps de l'écrivain, le corps de cette présence particulière au monde, suivre Pierre Argan, devenir lui, sentir son âme entre les lignes fines de notre funambulisme réciproque. Mes yeux sont devenus les siens.

L'archéologie me vient aussi à l'esprit pour montrer l'étendue des recherches que la littérature provoque en soi. Cette part d'inconscient, rien d'une psychanalyse pourtant, et tout d'une traversée solitaire de sa propre nuit pour rejoindre l'Autre.

Écrire est un voyage à l'intérieur des mondes d'un esprit, l'esprit d'une personne, l'écrivain, formé par plusieurs personnes vivantes ou mortes, rencontrées ou simplement lues.

Écrire revient à vouloir donner corps à l'eau sans la priver de son mouvement. C'est une chose impossible que l'écrivain réussit quelquefois avec grâce. Il saisit le vide et lui donne une consistance, une existence que le lecteur perpétue et grandit.

*


C'est un courage, exister, puisqu'il faut couper le silence, annuler l'absence, construire sur le vide, détruire ce qui a été fait. Être Moderne, c'est cela, je crois : partir de l'Ancien, unir les temps, les Hommes, pour changer le néant en espace fertile.

Pour moi, la construction est toujours une déconstruction. Un mouvement est toujours la mort de l'immobilité. Écrire est une mort d'une partie de soi pour élever une part plus secrète, voilée, fragile : notre humanité est à l'image des villes, des cultures, des secrets encore enfouis : il faut aller chercher au fond de soi, au fond des choses, à la surface d'autrui, ou au bout du monde, de la solitude, quasi près de la mort.

En avançant sur la page blanche, je transforme un monde vierge en le détruisant par mes pas, mes mots. Il n'y a pas de voyage sans changement. Samuel Tristan, le personnage de Quelle nuit sommes-nous ? incarne cela. Il nous passe sous les yeux, il passe dans nos vies. Il est l'homme insaisissable, aveuglé par l'éclat du monde, la préciosité de la vie, l'immensité des possibilités. L'itinéraire de ce jeune homme est l'histoire de l'écriture, libre et prisonnière, libre parce que prisonnière des pages, ces amantes libres à leur tour dans le temps et les regards, à jamais vitales et en quête de vie.

La fin de Quelle nuit sommes-nous ? est double. Il y a mort ou vie, on ne sait pas. Chacun est libre de lire ce qu'il désire. Samuel est le reflet de chacun d'entre nous. Il est le corps errant de nos désirs d'évasion, de liberté, d'amour dans sa beauté extrême. Il est corps d'écriture, incarnation du rêve. Il est ma mort idéale, la fin de ma première vie, à trente-trois ans.

*


J'écris pour fabriquer mon propre corps, ma véritable présence au monde. Toute mon existence est la recherche de ce lieu habitable, un monde vivable, ma langue, le livre.

Au fond, la littérature est une chose simple, que les livres se vendent par centaines, milliers ou millions, qu'ils s'écrivent avec le sang, les larmes, la joie de vivre ou la nonchalance, sur un bout de nappe de restaurant, une vieille Remington ou un ibook G4, elle sera éternellement notre inconsolable besoin d'amour, un cri sans fin lancé à la gueule de la mort.


Hafid Aggoune (juin 2006)




Où trouver décapage ?

Décapage est disponible sur abonnement. 5 numéros : 15 euros
Chèque à l'ordre de décapage.
93, boulevard Soult 75012 Paris



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-----FESTIVAL LEITURA FURIOSA 2006



----- ROSE
illustration : Béatrice Rodriguez


Lire Rose

Ce texte a été écrit par Hafid Aggoune, inspiré par sa rencontre avec Geneviève, Henriette, Maryline, Claudine, Maria, Micheline, Marie, Nouara, Sylvie et Nicole du centre médico-social de Ault (Picardie)

"Le Cardan organise Leitura Furiosa depuis 1992 parce qu'il n'y avait pas de manifestation littéraire pour ceux qui sont fâchés avec la lecture et l'écriture.
C'est un moment insolite.
L'objectif est de permettre à ces personnes d'accompagner pendant un moment la création d'un texte.
À Leitura Furiosa, l'écrivain doit s'engager dans la création en prenant les mêmes risques qu'ont pris les personnes en venant les rencontrer.
Ils sont venus mettre en jeu leurs vies d'opprimés.
Leitura Furiosa serait plus proche de l'art que de la culture.
Leitura Furiosa dure trois jours et depuis quatre ans au mois de mai à Amiens, Kinshasa et en 2008 à nouveau au Portugal."



Impressions de l'auteur après ce premier Leitura furiosa :

"Lorsque j'ai reçu l'invitation pour Leitura furiosa, je ne connaissais pas l'événement mais j'ai dit oui tout de suite et c'est sans regret. Dès mon premier roman, Les avenirs, j'ai pu me rendre compte de l'intérêt des rencontres auteurs/lecteurs et du plaisir de partager ou susciter l'envie et le besoin de lire et d'écrire. Or, Leitura furiosa n'a rien à voir avec mes précédentes expériences. Passer la journée dans un centre médico-social, à écouter un groupe de femmes et devoir s'en inspirer pour écrire un texte, le soir même seul dans sa chambre d'hôtel, cela a été très enrichissant. Sans Leitura furiosa, je n'aurais jamais croisé les destins de ces femmes et je suis heureux que chacune d'elles puissent exister dans Rose car elles m'ont beaucoup ému, toutes différentes.
La journée du samedi a été l'occasion de revoir le groupe du vendredi, de leur donner à lire Rose, qu'elles ont apprécié, et de commencer l'aventure de la mise en forme du texte et de celui des autres écrivains. La "petite usine à textes" s'est penchée des heures durant sur ses ordinateurs pour corriger et mettre en page ; les illustrateurs sont venus butiner les histoires pour y appporter leur univers ; les calligraphes provoquaient l'admiration des enfants et des grands tandis que différents ateliers rythmèrent cette belle journée. Le lendemain fut le grand jour de la publication dans le Courrier Picard, et surtout celle de la musique et de la parole, car sur la scène de la Maison de la culture d'Amiens, les textes furent dits par des lecteurs qui donnèrent corps et talents à de simples mots découverts la veille seulement. Entrecoupées par des interludes sages et hilarants, tout s'est terminé par des discussions autour du bar et des libraires. En toute fin, Marie et Micheline eurent la bonne idée de décrocher les portraits des deux auteurs que le groupe d'Ault a recu, celui de Jean-Jacques Reboux et le mien, et aussi de récupérer les deux textes imprimés en affiches et qui trôneront désormais sur les murs du centre médico-social où Rose avait commencé de naître.
Merci à Véronique et à Luiz pour l'invitation (et à Monique pour m'avoir fait connaître du Cardan), à la Maison de la culture d'Amiens, à Jean-Christophe et Jean-Jacques, à tout le groupe d'Ault, et aussi à tous les illustrateurs, auteurs, musiciens, comédiens, barman bénévoles, libraires et techniciens informatiques. Bravo à tous et à l'année prochaine."

Hafid Aggoune




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__ siècle 21 n° 7 (automne - hiver 2005)


----------------------------R e v u e__s e m e s t r i e l l e,__Littérature & société


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Numéro thématique sur la littérature sud-africaine postapartheid, la rue et les bibliothèques interdites à Cuba, avec des textes d'écrivains du monde entier, dont Hafid Aggoune, auteur de Rue des fugues (texte inédit), page 99 à page 103.


extrait :

"La première fois que la rue s'est mise à écrire sur mon corps, j'avais 2 ans.
Sur mon front, on verra toujours la cicatrice, profonde, en forme de fleur aux pétales éclatés. J'ai fait une chute en tricycle dans une ruelle étroite de la ville de Palestro, en Algérie.

Des années plus tard, j'ai retrouvé l'Algérie avec la même poussière, les mêmes poubelles éventrées.

J'ai 12 ans. Il y a ce ballon qu'il faut garder aux pieds, sous un soleil de plomb, au beau milieu de la rue, dribblant entre les voitures et les chats errants. Sous cette canicule quotidienne, encore une fois elle vient écrire sur ma peau, la rue, effleurant les os, là, au coude. C'est une voie large, en pente, qui va du bas de l'avenue principale à la caserne. Mon pied glisse sur la paroi de la rigole, là où le bitume est lissé comme une assiette, poli à la force des eaux évacuées en aval.

La peau du coude est mordu par le sol, arrachée à l'os par la déclinaison de l'espace, la force du mouvement et le poids.
Le temps de ce dernier été algérien, je suis comme eux, un enfant des rues aux genoux, coudes, fronts calligraphiés par la réalité.
Ce sera mon dernier voyage en Algérie.
Les routes de nos vies sont tracées sur notre corps, notre livre originel, notre véritable histoire..."


__________Hafid Aggoune


® droits réservés.


Diffusion :
- en librairie : prix du numéro : 17 euros (N°1 : 20 euros)
- Abonnement à deux numéros : (4 et 5 ; ou 5 et 6)
France : 30 euros. Dom-Tom et étranger, 35 euros. Abonnement de soutien : 70 euros.
Chèque à adresser à Siècle 21, 41 rue Bobillot, 75 013 Paris ; merci de doubler d'un mail à mckirpa@wanadoo.fr ou jeanguiloineau@wanadoo.fr

Renseignements : Jean Guiloineau : 01 45 89 08 84 ; jeanguiloineau@wanadoo.fr
Marie-Claudette Kirpalani : mckirpa@wanadoo.fr

Née fin 2002, la revue Siècle 21,

"se fixe comme but d'aborder les grandes questions de société et les littératures mondiales à travers la vision des écrivains de tous les pays et de tous les temps".


Elle publie des textes littéraires français et étrangers, le plus souvent contemporains.
Sont privilégiés les inédits ou les traductions en français inédites.
Chaque numéro comporte : un important dossier sur une littérature étrangère (textes littéraires accompagnés d'une présentation) - deux dossiers thématiques (textes français et étrangers) - des chroniques (Passants du siècle, Paroles gelées, Le rien qui perce, Actuelles) - des illustrations originales (dessins, lithographies, collages, sculptures) d'un même artiste, qui assurent l'unité graphique du numéro.


L'ESPRIT DES PÉNINSULES

Revue semestrielle
Rédaction, administration 41, rue Bobillot 75013 Paris


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__ décapage n°23 (avril 2005)

l a b o r a t o i r e__ p r i m i t i f__ p o u r__ j e u n e s__ p l u m i t i f s

Hafid Aggoune, Benoît Duteurtre, David Foenkinos, Jean-Baptiste Gendarme, Philippe Jaenada, Fred Paronuzzi, Guillaume Tavard racontent comment ils ont vécu leur premier salon du livre ; Dans À vos idoles, Claire Castillon écrit à Bernard Desportes...



Mon premier salon,

_________par Hafid Aggoune




Ce sera cette nuit, se dit C. Ketteb, en regardant son petit-fils jouer.
Jusqu'à ses 97 ans, le célèbre écrivain avait toujours pensé à la mort comme d'une chose parfaitement naturelle.
- Grand-père, ça, c'est quoi ?
Le petit Melville lui tend un vieux badge en plastique qu'il vient de trouver dans une boîte: C. Ketteb, écrivain.

C'est l'Automne 2004.
Nous sommes à Saint-Étienne, la ville natale de C. Ketteb, l'année de son premier livre, sa première fête du livre, que le hasard a voulu là, dans cette ville où il a vu le jour trente-et-un ans plus tôt. Durant son second après-midi, Ketteb entend cette phrase sortir de la foule : « Il ne se souviendra pas de moi... ». Puis il voit un homme l'approcher, un grand homme, la soixantaine, les cheveux dégarnis, un berêt en main, un homme qu'il reconnaît immédiatement après vingt-six ans.
C. , les yeux brillants, se lève.
Longtemps, au milieu de la cacophonie du chapiteau, ils se serrèrent la main en silence, émus.

- C'était qui le grand monsieur grand-père ?
- M. Crozier... l'homme qui m'a appris à lire et à écrire.
- Aaah !
- C'était mon premier salon du livre...
- Grand-père ?
- Prends ce badge...
- Merci grand-père !
L'enfant saute sur le vieil homme.
- Doucement mon petit Melville, écoute... si tu veux devenir quelqu'un, fais-le et le plus tôt possible et ne laisse rien ni personne t'en empêcher.
- ...
- Souviens-toi de ça ! Maintenant regarde...
C. Ketteb ouvre le tiroir de la table de chevet.
- Tiens...

La nuit du 14 juillet 2063, Melville s'est couché avec le badge de son grand-père accroché sur la poitrine et une vieille édition de Robinson Crusoé entre les mains. Quant au vieil homme, cette nuit-là, il a dormi comme un enfant, pour l'éternité.




Hafid Aggoune



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